Les Presque Siamoises dans les lycées

Du 18 au 22 mars, la Cie Presque Siamoises s’est retrouvée en ballade dans le sud-est.

Karwan (bâtisseur de projets culturels territoriaux) nous a invité à une tournée dans les lycées dans le cadre de la Saison Régionale Rue et Cirque (tournée R.I.R.)

C’est ainsi que « Bertha et Miranda » a pu jouer dans le lycée professionnel Le Chatelier à Marseille, le lycée Durmont D’Urville à Toulon, le lycée Maurice Janetti à Saint Maximin de la Saint Baume.

Certaines classes ont été préparées en amont à notre venue. Soit par Karwan même, soit par des professeurs intéressés par le projet. Pour vous faire une petite idée, vous pouvez aller voir le dossier pédagogique imaginé par Karwan (ici).

Nous finissions nos représentations (deux dans chaque lycée) par un échange avec les lycéens. Nous avons rencontré des questions très différentes, les unes des autres, et d’un lycée à l’autre.

En vrac, les aspects du spectacle qui les ont le plus intrigué:

– le rapport à la contorsion (douleurs ? entrainements réguliers ? âge où l’on a débuté ?)

– déméler le vrai du faux (qu’est ce que l’on joue ? qu’est ce que nous sommes vraiment ?)

– la vie concrète et matérielle d’un artiste (sommes nous payés pour cela ? est ce un métier ? où vivons nous ? vivons nous sans soucis d’argent ?)

Ces temps de discussions nous ont donné une grande liberté pour nous découvrir, pour nous parler, pour s’apprivoiser un peu en quelque sorte, et ont été primordiaux pour dépassé le stade du simple divertissement lors de leurs longues heures de cours…!

Il nous semble que ces rencontres soient très importantes, et nous font grandir, artistes et lycéens, chacun ayant oublié que l’autre existait. Nous avons très envie de continuer à marcher sur ce sentier là aussi.

 

Printanièrement vôtre! Salut!

 

http://www.karwan.info/

Crédit Photo: Monsieur Romain, professeur d’art appliqué qui nous a accueilli au Lycée Janetti

 

Je vous joins aussi des petites notes de Pascale Pous, professeur de philosophie au lycée Durmont D’Urville, référente du projet, qui a fait un superbe travail avec ses élèves en amont de notre venue:

Dans l’immédiat, je t’indique mes « supports »:
-La monstruosité et le monstrueux, in Connaissance de la vie, de Georges Canguilhem
Petit extrait: « La monstruosité, c’est la menace accidentelle et conditionnelle d’inachèvement ou de distorsion dans la formation de la forme, c’est la limitation par l’intérieur, la négation du vivant par le non-viable. »

-Traité de la nature humaine, De la curiosité ou de l’amour de la vérité, de David HUME
Petit extrait: « Toutefois, outre l’amour de la connaissance qui se déploie dans les sciences, on trouve, implantée dans la nature humaine, une sorte de curiosité, qui est dérivée d’un principe très différent. Des gens ont le désir insatiable de connaître les faits et gestes de leurs voisins, même si leur intérêt ne s’y trouve nullement mêlé et s’ils dépendent entièrement des autres pour leur information; il n’y a aucune place ici pour l’étude et pour l’application. »
Bien évidemment votre spectacle a naturellement attiré cette triviale curiosité, puisque s’ils n’ont osé vous le demander, certains élèves m’ont demandé si vous étiez réellement lesbiennes, et se sont fixés sur la dent manquante…

-Phénoménologie des corps monstrueux, de Pierre Ancet
Cet ouvrage est particulièrement éclairant sur le rapport entre monstre et désir, et j’ai vraiment trouvé que votre spectacle faisait admirablement bien la « bascule » (c’est le cas de le dire!) du monstre physique au monstre « moral », c’est-à-dire socialement dérangeant: le baiser de la gouine ! puisque c’est ce qui finalement est resté tabou sur le moment, mais est remonté ensuite dans les classes. Pierre Ancet fait, dans cet ouvrage, une analyse fine d’une photo de l’époque victorienne mettant en scène un couple dont la femme a une barbe. Il montre comment cette photo éveille le désir homosexuel refoulé et combien la mise en scène peut être dérangeante pour le public. De même, il y a une analyse approfondie du double et du concept freudien d »‘étrange familiarité » que suscitent les siamois.

 

Merci Pascale!